Site « envie d’écrire », nouveau coup de gueule!

Les propositions à la limité de l’honnêteté sont, dans le monde du livre, très nombreuse. On ne compte plus les « maisons d’éditions » à compte d’auteur ou bien les correcteurs qui pratiquent des tarifs prohibitifs, qui ne sont pas nécessairement gages de qualité, comme le disait Linda Saint Jalmes.

Mais on trouve également de bons sites, généreux en conseils et en bons plans.

Parmi les nombreux cyber-acteurs de l’autoédition, il y en a un que je peine à situer: le site Envie d’écrire. Le concept est simple: aider ceux qui souhaitent écrire à réaliser ce rêve, via des outils et des conseils. Un concept qui me plaisait tellement que je l’ai repris sur mon blog, à une échelle bien moindre.

La mise en application, par contre, est de plus en plus discutable. J’ai apprécié de nombreuses vidéos où des auteurs publiés donnaient leur ressenti sur tel ou tel point du processus d’écriture, et certaines infos m’ont été très utiles. Mais en ce moment, le site multiplie les « roast beef advices », autrement dit les articles tout droit traduits de l’anglais, prodiguant des conseils issus du monde anglo-saxons sans tenir compte des différences qui existent entre les deux systèmes éditoriaux… Et pourtant, elles sont nombreuses. C’est là induire en erreur – sans intention de nuire, du moins je l’espère – bien des auteurs mal informés. Une maladresse involontaire certes, mais bien regrettable pour un site qui espère visiblement devenir une référence du milieu.

Mais il est une partie du site que je n’avais pas explorée: celle consacrée aux prestations commerciales d’Envie d’écrire.

Quand mon amie Sabine, que j’ai interviewée, m’a parlé de cette section, je me suis efforcée d’aborder le concept avec un esprit positif: fournir de bons outils aux auteurs, quoi de plus normal pour un site qui se réclame d’aider à écrire? Oui, mais…

Le diagnostic littéraire, qui est censé apporter « un véritable retour objectif et critique sur l’intégralité [du] texte » est en fait ce que j’appelle une bêta-lecture. C’est la critique complète et argumentée de chacun des points du texte. Autrement dit, c’est ce que proposent les forums CoCyclics et le Co-lecteurs… Gratuitement. De même, un réseau social dédié à l’écriture tel qu’Atramenta  donne l’occasion de lire et de faire lire ses textes, tout en obtenant des critiques – positives ou négatives – sur chacun des aspects. Par exemple, sur Atramenta, on peut donner une critique générale ou sur le fond via les commentaires, apprécier le fond et la forme via un système double notation, et signaler les erreurs grammaticales, orthographique ou de conjugaison via les rapports de fautes.

Tous ces sites sont sans complaisance ; personne n’est là pour se faire mousser ou se faire porter aux nues. Si votre texte est bon, on vous le dit. S’il est moins bon, on vous le dit aussi – sans être blessant, mais avec franchise et fermeté. De plus, les conseils fourmillent – notamment sur les deux forums – et les échanges permettent d’avoir plusieurs points de vue et de choisir celui qui vous convient le mieux. Voilà donc pour la partie « véritable retour ».

Pour ce qui est de la partie « critique et objectif », pardonnez-moi, mais il me semblait qu’il y avait toujours une part de subjectivité dans l’appréciation d’une oeuvre artistique, quelle qu’elle soit. Car oui, nous sommes des sujets et nos préférences influeront toujours sur notre appréciation du fonds d’une oeuvre. C’est comme ça, malgré tous nos efforts, et prétendre le contraire, c’est prendre les clients pour des cons, ni plus ni moins.

Bref, faire débourser entre 470 et pratiquement 1000€ pour une bêta-lecture à des auteurs qui ont des petits moyens, alors qu’ils peuvent obtenir une prestation de qualité au moins égale – si ce n’est supérieure – gratuitement, c’est de l’arnaque pure et simple.

La correction proposée… Aaaah celle-là, dès l’abord, c’était évident qu’il y avait quelque chose de pas très clair. Observons les tarifs présentés: vous avez le choix entre « correction » et « légère réécriture »

D’après mon expérience en IUT métiers du livre, et mes échanges réguliers avec des correcteurs professionnels, la correction d’un manuscrit consiste toujours en une légère réécriture. Parce qu’on a beau être auteur, un fait des erreurs. On utilise des tournures de phrases incorrectes, des mots de sens proche mais pas synonymes, bref, on se plante. Et là, le correcteur professionnel, consciencieux et avec une vraie éthique, ne se contente pas de rajouter les « s » manquant sur les noms au pluriel: il corrige TOUTES les fautes. Autrement dit, si la phrase est mal tournée, il la réécrit. Si le mot est incorrect, il le remplace.

Donc, cher envie d’écrire, de deux choses l’une: soit vos correcteurs – et vous par la même occasion – se foutent de la gueule du monde et font leur boulot à moitié, soit la « légère réécriture » n’est pas si légère que cela, et dans ce cas, il font le travail d’un nègre. Si c’est la dernière solution, nommez donc les choses par leur nom.

Je ne m’attarderai pas sur la prestation « d’accompagnement littéraire », qui, si on lit un tant soit peu entre les lignes, se révèle être la même que celle du diagnostic littéraire… Sauf qu’on étudie seulement certains aspects choisis par l’auteur, au lieu d’évaluer l’ensemble, pour un tarif pratiquement égal. Génial, allez-y, payez donc 10 euros de moins pour 10 fois moins de boulot. Mais sachez que vous vous ferez flouer.

En ce qui concerne l’atelier d’écriture, je ne dirai rien: j’avoue être mal renseignée. Il me semble qu’il est normal que ceux-ci soient payants, et je ne dénie pas leur utilité.

Bref, au final, je suis révoltée par ces offres qui visent clairement plus à s’en mettre plein les fouilles qu’à aider des auteurs qui bien souvent, ont de petits moyens et sont un peu perdus face à l’ampleur de la tâche. C’est de l’escroquerie pure et simple que de proposer des prestations à de tels tarifs sans garantie de leur utilité, alors qu’on trouve les mêmes outils sur le net, gratuitement ou pour moins cher, auprès de personnes ou d’organismes qui ont déjà fait leurs preuves.

Alors, chers auteurs, si vraiment vous cherchez des aides, je vous suggère d’aller faire un tour sur le forum CoCyclics (qui a déjà mis en contact de nombreux auteurs avec des maisons d’édition, leur permettant ainsi d’être publiés et distribués dans la France entière), le Co-Lecteur, Atramenta, et bien sûr, la section autoédition de ce blog! SI vous préférez un support papier plutôt que net, je vous invite à vous procurer le livre Ecrire, de la page blanche à la publication, de Marianne Jaéglé, dont parle fort bien Charlotte Boyer sur son blog. Un excellent outil qu’elle avait trouvé via… le site Envie d’écrire! Non, il n’y a pas que du mauvais chez eux. Mais grosse, grosse colère et déception sur ce coup-là!