Cacahuète

Nous entrons dans la cité où la misère montre le bout de son nez à chaque coin de rue.

Les caniveaux sont encombrés d’ordures, une odeur nauséabonde flotte dans l’air, l’atmosphère, si elle n’est pas putride, doit être une proche cousine de l’épithète.

Les regards que nous jettent les passants me font savoir qu’ils hésitent entre considérer ma monture comme un tas d’or potentiel ou comme un dîner goûteux. Je ne sais pas ce que je préfère.

Pour la première fois depuis le début de notre périple, je suis heureuse que ces gardes nous accompagnent. Certes, ils sont bêtes comme leurs pieds, mais leurs muscles saillants n’ont rien à voir avec la créatine et leur QI dangereusement proche de celui de Paris Hilton évite les questions trop gênantes. Ils obéissent, point barre.

Nous parcourons les ruelles où le mortier des pavés s’effrite ; nous sommes obligés de ralentir l’allure, je n’aime vraiment pas cela.

La place forte qui surplombe Tylhys apparaît au détour d’une avenue sale et encombrée. Je me détend un peu ; nous sommes presque arrivés.

J’ai toujours détesté être au contact de la populasse. Père a beau me répéter que je dois m’y faire et que les petites gens méritent mon respect autant que les nobles de la Cour, je ne parviens pas à m’y faire.
Il faut bien dire que je n’ai déjà que mépris pour les Ducs et Duchesses de tous poils, alors la lie de notre monde…

Lorsque nous atteignons enfin le Pont-Levis, je rejette mon capuchon en arrière, prête à montrer au grand jour qui je suis.
Après trois semaines de voyage dans des conditions catastrophiques, j’entend bien recevoir les hommages dûs à mon rang, et même un peu plus, si possible. A cause de cela, père dit que je suis capricieuse. Je préfère « exigeante ».

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